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Eté 36. Premiers congés payés dans l'Aveyron :
« Rien vu d'aussi beau que ça… »

Il y a 80 ans de cela, le gouvernement de Front populaire faisait voter la loi instituant les congés payés. En ce début d'année 2016, nous souhaitons porter à la connaissance des lecteurs des extraits (intégralité sur le site www.irhs-midi-pyrenees.com) de l'enquête universitaire réalisée dans le bassin industriel nord-aveyronnais et publiée en 2006 par l'historien Alain Boscus 1.

Les images courantes de ces premiers congés payés évoquent souvent les départs à la mer ou à la montagne, les ouvriers et ouvrières parcourant la France en tandem ou s’essayant aux joies du camping. Pourtant, la réalité est plus prosaïque. Pour saisir concrètement la diversité des situations, nous avons enquêté dans le bassin industriel de l’Aveyron qui regroupait alors 30 280 habitants (dont 5 154 étrangers) et dont la population active, principalement masculine, était composée d’ouvriers et employés de condition modeste (aux alentours de 80 % selon les communes, avec près de 3 600 mineurs et 1 600 métallurgistes. Rares furent ceux qui quittèrent le bassin cet été là. Cela s’explique bien sûr par l’impréparation due à la soudaineté de la loi (dont le décret d’application parut le 1er août), mais pas uniquement puisque l’année suivante, répondant à une enquête de l’Union des industries minières et métallurgiques, la direction des mines de Decazeville estimait, en se fondant sur la baisse de la consommation locale de pain, que 20 % seulement des habitants avaient quitté les localités ouvrières. Cela s’explique aussi par le fait que de nombreuses personnes n’étaient pas directement concernées par la loi : les inactifs, par exemples, ainsi que les salariés récemment embauchés ou les jeunes rentrés en cours d’année du service militaire, mais aussi tous ceux qui n’avaient pas travaillé pendant un an complet et de façon continue dans la même entreprise au cours des douze mois précédents (…)
Mais les témoignages montrent aussi que ce sont surtout les contraintes économiques, sociales et mentales des familles modestes et laborieuses d’alors qui ont empêché la grande masse de partir. Ce qui n’enlève rien à la modernité et à l’impact de cette mesure sociale très appréciée et révélatrice de la mutation des relations sociales initiée à ce moment là.

Téléchargez l'intégralité de l'article paru dans repères n°40

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